Découvrez pourquoi les 4 étapes  pour faire son deuil sont essentielles pour ne pas sombrer, et pour se relever!

 

 

SOMMAIRE

 

Acceptez la réalité de la perte

 

Prendre conscience de la douleur de la perte

 

Apprendre à vivre sans le défunt

 

Réapprendre à aimer la vie après la perte du défunt

 

 

 

 

Acceptez la réalité de la perte

 

 

 

 

Quand quelqu’un meurt, on a souvent l’impression que ce n’est pas possible, que ce n’est pas vrai. Même quand la mort attendue survient après une longue maladie. C’est comme un mauvais rêve, un cauchemar. Certains n’arrivent plus à prononcer un mot, d’autres pleurent. D’autres veulent se rendent sur le champ auprès de la personne décédée, parfois pour se persuader que ça ne peut être vrai. Certains fonctionnent sans sentiments apparent, comme si cela ne leur faisait rien. C’est le cas quand ils n’ont pas encore intégrer la réalité de ce que cela représente.

 

 

Le refus d’intégrer la réalité de la perte peut perdurer pendant des années et induire des symptômes tellement polymorphes qu’il est parfois difficile de les relier à des décès. C’est le cas de Delphine qui  a peur de s’engager dans une relation affective durable. Après analyse Delphine à associer la perte d’un être cher à un sentiment d’abandon, et a une peur de la mort. Cela occasionne chez elle des angoisses qui se manifestent par des attaques de panique de plus en plus fréquentes…

 

Accepter la réalité de la perte, c’est accepter de passer par toute une gamme d’émotions douloureuses et dans son cas elle se l’est  interdit. Prenons un autre exemple de la perte d’un enfant. Anne  se réveille un Dimanche matin entendant son fils jouer du piano (celui-ci est mort trois semaines auparavant). Elle fonce au salon et le voie jouer son morceau préféré. Lorsqu’ elle a voulu mettre ses mains sur ses épaules, il avait disparu. Alors elle s’est mise en colère sur son mari décédé, qui lui reprenait maintenant son fils. En colère contre son fils, qui avait tellement été imprudent. En colère contre elle-même, qui lui avait autorisé cette sortie.

 

Ces sortes d’hallucinations ou de fantasmes sont habituelles dans le comportement après un décès. On nie  le fait de la mort, mais ce  n’est pas pathologique sauf quand la tristesse, la colère et même la culpabilité est refoulée. Pour commencer réellement le travail de deuil, il faut reconnaître la réalité de la perte,  et c’est pour cela qu’il est important de voir le corps du défunt.

 

Par contre pour quelqu’un qui est défiguré lors d’un accident, ou qu’une maladie  a transformé un visage, on dira facilement : « Il vaut mieux garder l’image de lui vivant. » On se retrouve cependant devant la tâche d’accepter la réalité de la mort.  D’où l’importance de tenter de présenter de façon soignée la personne décédée. Parfois on s’imagine le pire alors que la réalité est tout autre.

 

Comment faire son deuil?

Il est également important de comprendre ce qui s’est passé, le pourquoi et le comment. L’explication nécessaire n’est pas le même pour tous, mais l’important est de pouvoir être satisfait de l’explication donnée. Ainsi par exemple, une femme a toujours refusé de croire au suicide de son mari. Pour elle, c’est toujours resté un accident. Sans l’explication de la cause du décès, l’angoisse peut rester importante.

C’est bien ce qui se passe après la mort subite d’un nourrisson. On n’a toujours pas d’explication bien claire, et cela entretient l’inquiétude concernant les causes de la mort. Si cette étape n’est pas accomplie, on reste bloqué dans un stade de dénégation qui nous renvoie à la description que j’ai faite plus haut.

 

 

 

Prendre conscience de la douleur de la perte

 

 

 

 

Le seul chemin pour se libérer de la douleur de la perte doit passer au travers de la douleur. Tout ce qui permet d’alléger la douleur, ou de la reporter, ne fait que prolonger le processus de deuil. On peut essayer de ne pas y penser, ou de bloquer ses émotions quand on y pense. On peut tenter de minimiser cette perte, ou se concentrer sur la tristesse des autres, et ne pas se pencher sur sa propre tristesse. Nous pouvons même nous dire qu’il ne faut pas être triste, puisqu’on se retrouvera dans l’au-delà.

 

Certains s’occupent au point de ne pas avoir le temps de sentir la rupture et la tristesse. Toutes ses manières de fuir la douleur peuvent fonctionner un temps, mais tôt ou tard il y a toujours un retour de flamme. Si l’on veut se reconstruire après une perte, c’est d’affronter la douleur sinon elle se représentera plus tard sous forme d’un symptôme comme une maladie ou un comportement déviant.

 

Fuir la douleur de la perte, c’est repousser Le problème à plus tard, mais à ce moment-là, on ne fera plus le lien avec une tristesse ancienne, et l’entourage ne sera plus du tout prêt à écouter cette tristesse. Le sentiment d’absence du défunt est énorme, le survivant sanglote et pleure. Au début, ces jaillissements sont fréquents, puis diminuent après quelques semaines et peuvent apparaître encore bien plus tard quand quelque chose réactive le souvenir.

 

La douleur ne se manifeste pas uniquement sous forme de larmes ou de douleur physique. Elle s’exprime aussi par la révolte ou l’agressivité. Cette agressivité peut être dirigée contre le défunt lui-même, mais aussi contre Dieu, contre soi-même, contre les médecins ou l’hôpital. Agresser, protester, sont des réactions normales dans un processus de deuil. Ces sentiments ne doivent pas être réprimées ou refoulés. L’entourage a trop souvent tendance à freiner leur expression, car cela fait peur.

 

Souvent, plus nous sommes quelqu’un de proche et de confiance pour la personne en deuil, plus nous aurons à encaisser cette agressivité car elle se sent en sécurité pour la déverser. Dans la relation conjugale, l’homme et la femme réagiront souvent avec une agressivité ou une irritation. Au point de provoquer des ruptures. On se demande parfois qui est coupable ou est responsable, qui a commis une erreur, alors que la faute incombe aux circonstances.

 

La perte peut engendrer un changement radical de notre équilibre psycho-affectif, elle peut faire émerger des problèmes personnels qui étaient étouffés jusque alors. La douleur va s’exprimer par une blessure d’abandon et aussi par des sentiments de culpabilité. Il y a toujours à posteriori, des regrets et des sentiments de culpabilité.

 

Si j’avais été plus attentif à elle…Pourquoi ai-je été si brutal ? N’aurai-je pas dû l’obliger à arrêter de fumer ? J’aurai dû lui parler plutôt dans Son état. Ces sentiments de culpabilité sont parfois fondés, parfois pas. Mais si quelqu’un se fait des reproches imaginaires, il est utile de le laisser dire, car ils sont, eux aussi, l’expression de la douleur. Au lieu de répondre qu’il ne faut pas se sentir coupable, on peut faire comprendre que cette culpabilité est normale lors d’un deuil, et qu’en parler soulage.

 

Si vous n’avez pas accompli cette tâche de ressentir, et de ne pas vous fermer aux sentiments, vous aurez sûrement besoin d’un accompagnement thérapeutique pour vous libérer de vos émotions. L’expérience sera plus complexe parce qu’elle nécessitera de réactiver de la douleur alors que la personne la réprimée.

 

 

 

Apprendre à vivre sans le défunt

 

 

 

 

S’adapter ce n’est pas seulement trouver une solution à des problèmes techniques et matériels. La mort d’un conjoint peut également entraîner la perte d’un certain statut social. Parfois on perd un groupe d’amis, on n’est plus invitée à la réception de fin d’année de l’entreprise de son mari. Les parents qui perdent un enfant sont perçus comme des parents sans enfant, et non comme des parents d’un enfant décédé. Ils doivent s’adapter à l’absence de fêtes enfantines, de réunions de parents, à une rentrée scolaire vide, à des vacances sans camp scout.

 

Certains luttent contre eux-mêmes en se présentant comme impuissant, en ne développant pas de nouvelles compétences dont ils seraient capables, en refusant des contacts sociaux, en assumant pas certaines obligations. Ceci peut se manifester par l’idéalisation de la personne décédée. L’idéalisation de l’enfant décédé peut donner aux enfants survivants le sentiment qu’ils ne sont plus rien ou pas grand-chose pour leurs parents.

 

Des réactions comme : « Mais nous sommes toujours là », peuvent être comprises comme une tentative de consoler, comme un appel pour qu’on s’intéresse à nouveaux à eux, comme une demande de compréhension de leur propre tristesse. Des frères et des sœurs confient parfois que cette mort fut le pire événement qui leur arrivât. Les parents leur portèrent moins d’intérêt, ne vivant plus que leur tristesse.

 

Une autre manière de s’accrocher au défunt, est l’identification. Celle-ci peut prendre plusieurs formes. La personne en deuil peut reprendre certains intérêts, activités ou objectifs de la personne aimée. Elle se comporte comme le décédé. Parfois, c’est en reprenant les mêmes plaintes, voire les mêmes symptômes. On a parfois l’impression de se glisser dans son esprit.  D’aucuns peuvent chercher aussi l’identification par projection : en souhaitant par exemple qu’un des enfants reprennent le rôle du mort.

 

Et même le fait de vouloir mourir, le désir de mort, est une forme d’identification au mort. Le désir d’être mort n’équivaut pas à des idées suicidaires. En effet, il ne s’agit pas ici de vouloir mettre fin à sa vie, mais d’être délivré de sa peine, et de rejoindre le défunt.

 

 

 

Réapprendre à aimer la vie après la perte du défunt

 

 

 

 

La quatrième étape consiste à attribuer à la personne décédée une nouvelle place émotionnelle dans la vie. Il ne s’agit pas de ne plus l’aimer, ou de l’oublier, mais de réapprendre à aimer la vie, les gens… Beaucoup ont du mal à réaliser cette tâche, ayant l’impression d’être irrespectueux à la mémoire de leur conjoint, de leur enfant, de leur père, s’ils aiment à nouveau la vie, ou d’autres personnes.

 

Certains éprouvent de l’angoisse au moment de nouer de nouvelles relations. Ne pas accomplir cette étape signifie ne plus se lier, ne plus aimer la vie, ne plus aimer les gens. Le deuil peut s’enliser et bien des années plus tard, ils se rendent compte que leur vie s’est arrêtée au moment de la perte. Le processus du deuil est achevé quand ces quatre tâches ont été accomplies, mais il est impossible de préciser la durée de ce travail.

 

Le temps que cela prend dépend de beaucoup de facteurs : La relation que nous avions avec la personne décédée, les circonstances de la mort, la précocité de celle-ci, l’aide reçu pendant la période qui suit le décès. Comment la mort fut annoncée, ce qu’on a pu faire avant le décès, notre personnalité comprend des fragilités particulières. Un an, deux ans, ce n’est pas long pour assimiler une perte importante. Une façon d’apprécier l’accomplissement de cette étape est la possibilité de repenser à la personne décédée, sans ressentir de douleur intense.

 

Même si toute la vie, il restera quelque chose de cette douleur, cette perte nous aura fait grandir, changer. Cette expérience, marquée par la douleur et le chagrin, aura son importance dans nos rapports aux autres. La personne décédée peut devenir présente, d’une autre manière, en étant source de force et d’inspiration

 

Sophie, mère célibataire, a son fils mort du Sida, à l’âge de 22 ans. Suite à cet événement, elle a voulu aider les gens dans la même situation, afin d’éviter tout le poids de la stigmatisation qu’elle a vécu avec cette souffrance. Elle s’est mise à travailler dans un centre d’accueil pour des familles de patients sidéens. Elle racontait son expérience pour dire qu’elle était devenue meilleure, et que la mort de son fils lui appris ce qu’est un amour inconditionnel. Ce qu’elle fait maintenant pour les autres, lui procure plus d’amour en retour qu’elle n’a jamais eu.

 

Aller jusqu’au bout de ces étapes nous donne la chance de trouver de nouvelles satisfactions dans une nouvelle vie. Dans la rupture amoureuse, nous retrouvons des similitudes avec le deuil réel. Rompre avec un conjoint est comme un abandon dans le deuil, et nous passons pratiquement par les mêmes émotions.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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