Abandon et peur de la solitude sont toujours imbriqués. Voici un nouveau cas de blessure d’abandon
Abandon et peur de la solitude
Romain vient me consulter parce qu’il est tombé sur un de mes articles qui parle de solitude. Il a 48 ans et travaille dans l’imprimerie. Sa femme est décédée après une longue période de souffrance. A présent qu’elle n’est plus là, il redoute que sa peut de la solitude, qui existait déjà bien avant qu’elle ne décède, n’éclate. Il fait donc tout pour s’entourer et il a tellement peur de se retrouver seul qu’il demande à sa compagne actuelle d’être présente quand il travaille sur son ordinateur et ne comprend pas pourquoi celle-ci s’y refuse si souvent. Bien sûr il ne lui dit pas » Viens m’accompagner, car je me sens perdu si je me retrouve seul devant mon ordinateur », mais « Viens avec moi, s’il te plait, car j’ai à te montrer quelque chose choses d’intéressant sur internet », alors qu’il n’a rien de vraiment exceptionnel à lui montrer.
Cela dépeint l’attitude de Romain depuis le décès de sa femme. Je lui demande ce qu’il ressent et me répond qui l’est triste et que cette perte l’a traumatisé. Certes, il refait sa vie avec une femme qu’il aime mais, il vit en permanence dans la peur que cette dernière, assez indépendante, y compris financièrement ne le quitte. Romain m’explique alors que ces sentiments il les a déjà éprouvés lorsqu’il était enfant. Il avait 7 ans quand ses parents décidèrent de l’envoyer en pension en Allemagne. Par la suite, il ne revint qu’un ou deux fois par an auprès d’eux. Il dit leur en vouloir tout en reconnaissant que l’éducation lui a été profitable à tous les niveaux. Je lui demande s’il ressent de la colère ou de la frustration. Il me dit que non.
Dans la foulée il ajoute que le départ de sa femme lui a fait ressentir la même chose : une grande tristesse, mais aucune colère ni de frustration ou d’autre « émotions négatives de cette sorte ». « Et que ressentez-vous quand votre amie refuse d’être présente à vos côtés ? » Là oui, c’est vrai, je ressens de la colère mais je la retiens, car elle est totalement disproportionnée. Et du même coup je suis encore plus gentil avec elle. L’attitude de Romain est classique. Il s’interdit d’exprimer sa colère parce qu’il a peur de rentrer en conflit ; il culpabilise d’avoir eu ses pensées et la boucle se referme. Quand je lui fis prendre conscience qu’il ressentait une vraie colère contre ses parents, mais que son mental s’obstinait à lui dire le contraire, il put commencer à se libérer de ses émotions.